ÉLÉMENTS CLÉS DE LA GESTION DE LA RÉSISTANCE AUX FONGICIDES :

PARTIE A : Favoriser la santé des plantes et évaluer la nécessité de traiter la culture contre les maladies

Une maladie se développe lorsqu’un agent pathogène est présent dans une culture sensible et que les conditions environnementales sont favorables au développement de la maladie. Des traitements fongicides bien effectués peuvent réduire considérablement l’incidence de maladies dans les cultures. Toutefois, il arrive que des agents pathogènes deviennent résistants à certains fongicides. La résistance aux fongicides peut survenir dans de nombreuses cultures au Canada. Pour gérer efficacement les maladies et la résistance aux fongicides, on recommande l’adoption de certaines pratiques de gestion optimales (PGO). Cette fiche vous présente deux de ces pratiques et explique comment les mettre en oeuvre.

PRATIQUES DE GESTION OPTIMALES (PGO)

ADOPTER DES PRATIQUES AGRONOMIQUES QUI FAVORISENT LA SANTÉ DES PLANTES

Il est essentiel d’adopter des pratiques qui favorisent la santé des plantes afin de réduire le risque de maladie.

Sélectionnez des variétés qui sont résistantes aux maladies communes dans votre région. Par exemple, si vous savez que la rayure réticulée de l’orge est problématique dans vos champs, semez une variété qui possède une résistance élevée ou modérée à cette maladie. La prolifération des agents pathogènes est ralentie, voire stoppée dans les variétés résistantes ou modérément résistantes.

Il est également important que vous connaissiez les conditions environnementales qui favorisent le développement des maladies comme les pluies abondantes, ainsi que l’historique des maladies de vos champs et des champs avoisinants. Si vous avez des zones à risque élevé (par exemple, des zones mal drainées), surveillez-les et gérez-les séparément.

Sélectionnez des variétés qui sont résistantes aux maladies communes dans votre région. La prolifération des agents pathogènes est ralentie, voire stoppée dans les variétés résistantes ou modérément résistantes.

Effectuer des rotations de cultures pour briser le cycle des maladies

Pendant l’hiver et les périodes sans culture, les agents pathogènes peuvent survivre dans le chaume, dans certaines espèces de mauvaises herbes et dans le sol. Les rotations de cultures, surtout lorsqu’elles comprennent des cultures non sensibles aux mêmes maladies, aident à briser le cycle des maladies. La production de cultures non hôtes pendant au moins deux ans d’affilée aide à prévenir les maladies.

Les plantes qui croissent dans des conditions stressantes sont plus sensibles aux maladies. Il est donc important d’adopter des pratiques culturales qui minimisent le stress des plantes. Par exemple, vous pouvez optimiser les dates de semis ou de plantation ainsi que la profondeur et la densité des semis, utiliser des semences de qualité, contrôler les autres organismes nuisibles (comme les mauvaises herbes et les insectes) et minimiser les dommages d’herbicides.

Dans certains cas, les pratiques d’assainissement peuvent également réduire ou éliminer les sources de maladie. Le nettoyage de l’équipement et l’enlèvement des plantes malades peuvent réduire énormément ou même éliminer l’inoculum, réduisant ainsi les possibilités d’infections subséquentes.

Pour certaines espèces, les agents pathogènes présents sur ou dans la semence peuvent être une source de maladie. Utilisez seulement de la semence certifiée et faites analyser la semence afin d’éviter des charges importantes d’agents pathogènes transmis par la semence. Dans la mesure du possible, utilisez des traitements de semence de qualité.

ÉVALUER LA NÉCESSITÉ D’INTERVENIR POUR CONTRÔLER LES MALADIES

Il peut être difficile de déterminer si un traitement fongicide est justifié. Gardez à l’esprit que le niveau de risque de maladie pouvant être toléré avant que le rendement ne soit réduit varie d’une culture à l’autre.

Évaluez le niveau de risque de maladie en fonction des facteurs agronomiques (type de culture et stade de croissance de la culture), de l’incidence de la maladie au cours des dernières années et des conditions environnementales. Pour certaines maladies comme le mildiou, le Sclerotinia, la brûlure de l’épi causée par le Fusarium et la tavelure du pommier, des traitements préventifs peuvent être avantageux. Il est très important d’évaluer correctement le risque de maladie dans chaque champ. Pour gérer efficacement et économiquement certaines maladies comme la pourriture sclérotique du canola, il est parfois nécessaire d’intervenir avant l’apparition de symptômes.1

Dépistez vos champs afin de détecter tout problème et évaluez tôt et souvent l’état de la culture. Déterminez correctement le risque de maladie pour guider vos décisions de traitement. Si le risque de maladie est élevé en fonction des facteurs agronomiques et environnementaux, un traitement fongicide très hâtif peut prévenir une explosion des populations d’agents pathogènes. Par exemple, les taches foliaires devraient être dépistées dans les fourragères avant l’apparition des épis (dans le cas des graminées) ou pendant le stade végétatif ou en début de floraison (dans le cas des légumineuses).

Un traitement fongicide est plus avantageux et plus rentable lorsqu’il empêche la maladie d’atteindre un niveau où les pertes potentielles de rendement ou de qualité sont plus importantes que le coût du traitement.

Un traitement fongicide est plus avantageux et plus rentable lorsqu’il empêche la maladie d’atteindre un niveau où les pertes potentielles de rendement ou de qualité sont plus importantes que le coût du traitement. Évaluez le risque de maladie dans chaque champ pour accroître les probabilités que des traitements fongicides soient effectués seulement lorsqu’ils sont économiquement justifiés.1 Les ressources sur les seuils économiques comme celles de SaskCanola (saskcanola.com, en anglais seulement) peuvent éclairer vos décisions de traitement.

Dépister la présence d’agents pathogènes

Lorsque vous dépistez les agents pathogènes dans vos cultures, surveillez les signes communs de maladie comme la décoloration du feuillage (brun, jaune, vert pâle) et les taches foliaires. Inspectez les faces inférieures et supérieures des feuilles puisque c’est souvent là qu’on trouve les premiers symptômes. Une loupe peut vous aider à distinguer les symptômes de maladie des autres types de dommages. Consultez des ressources en ligne pour vous aider à déterminer si les symptômes observés sont associés à une maladie particulière. Consultez un conseiller en cultures agréé ou un agronome pour vous aider à évaluer la menace que pose une maladie particulière dans votre région et à déterminer s’il est nécessaire de traiter.

Si vous décidez de traiter la culture, suivez les directives indiquées sur l’étiquette et n’effectuez pas plus de traitements par année qu’il n’est permis. Considérez les autres moyens de lutte avant d’effectuer un traitement fongicide et assurez-vous que les symptômes sont liés à la maladie et non pas à d’autres facteurs comme à des carences, aux conditions météorologiques ou à la dérive d’herbicides.

Comparez l’incidence et la sévérité de la maladie avant et après le traitement. En outre, il peut être utile de laisser des bandes ou de petites zones non traitées afin de pouvoir évaluer l’efficacité des traitements fongicides.

Tenez un registre annuel des problèmes de maladie, y compris les dates de détection, les dates de traitement, les produits ou modes d’action employés et les résultats. Cette étape importante permet de comparer les années entre elles afin de pouvoir prendre de meilleures décisions de gestion à l’avenir.

En employant plusieurs pratiques de gestion optimales et en utilisant prudemment les fongicides, la résistance aux fongicides peut être efficacement gérée.

1 https://www.canolacouncil.org/media/516526/canola_disease_scouting.pdf (en anglais seulement)

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