GÉRER LA FOLLE AVOINE RÉSISTANTE AUX HERBICIDES
PROGRESSION DE LA RÉSISTANCE
La gestion de la folle avoine est un défi pour les producteurs canadiens depuis des décennies, particulièrement dans les Prairies. La folle avoine peut causer d’importantes pertes de rendement et entraîner une augmentation du taux d’impuretés, une hausse des coûts de nettoyage et une baisse du grade et de la qualité du grain.
La folle avoine est une graminée annuelle qui se reproduit uniquement par la semence.

Qu’est-ce que cela implique?
La résistance fait en sorte que les producteurs disposent de très peu de produits pour lutter contre la folle avoine résistante aux herbicides des groupes 1 et 2.
La folle avoine résistante aux herbicides est un problème grave et la résistance est de plus en plus commune. Une première étude1 menée il y a 20 ans a révélé que des populations de folle avoine résistante aux herbicides du groupe 1 étaient présentes dans 15 % des champs de l’Ouest canadien alors qu’aujourd’hui, elle se retrouve dans plus de 60 % des champs.
COMMENCER LE DÉPISTAGE TÔT ET SAVOIR COMMENT IDENTIFIER LA
FOLLE AVOINE
À quoi reconnaît-on la folle avoine?
La folle avoine ressemble à l’avoine cultivée, mais elle s’en distingue par ses arêtes (communément appelées barbes) foncées et tordues et ses graines qui mesurent de 6 à 8 mm de long.

Adoptez plusieurs pratiques optimales pour éviter ou retarder
le développement de folle avoine résistante aux herbicides.
Conseils de dépistage
- Le meilleur moment pour dépister les talles de folle avoine est après le traitement herbicide, au moment où les mauvaises herbes ont produit leurs épis et que ces derniers sont visibles au-dessus de la culture ou après le traitement herbicide contre la folle avoine, lorsque le champ semble propre (à l’exception des talles résistantes).
- Une attention particulière devrait être portée aux talles de mauvaises herbes suspectes :
- Talles de forme irrégulière
- Zones de mauvaises herbes qui ne sont pas clairement délimitées
- Zones de mauvaises herbes qui ne contiennent qu’une seule espèce et qui sont à proximité de mauvaises herbes mortes de la même espèce.
Une seule plante mutante résistante aux herbicides est le point de départ de la résistance aux herbicides dans un champ.
MEILLEURES PRATIQUES POUR GÉRER LA FOLLE AVOINE RÉSISTANTE AUX HERBICIDES
L’adoption de pratiques de gestion optimales comprenant des méthodes de lutte culturales, mécaniques, biologiques et chimiques est essentielle pour éviter ou retarder le développement de la résistance aux herbicides chez les mauvaises herbes comme la folle avoine.
Consultez cette fiche technique pour en apprendre davantage sur les pratiques de gestion optimales qui s’appliquent à toutes les espèces de mauvaises herbes.

Mélanger et alterner les matières actives herbicides
La combinaison d’herbicides ayant divers modes d’action (étant de groupes différents) utilisés en mélange ou successivement pendant une même saison de croissance (incluant des herbicides absorbés par les racines) réduit considérablement le risque de trouver une mauvaise herbe mutante résistante aux herbicides. Utilisez des modes d’action autres que ceux des groupes 1, 2 et 15 (par exemple, choisissez des herbicides du groupe 9 ou 10 dans le canola résistant aux herbicides).4

Utiliser la dose recommandée et effectuer le traitement au moment recommandé
Le rendement de la culture sera réduit si le traitement est effectué après la période recommandée. De surcroît, toute dose plus faible que la dose recommandée ou tout retard de traitement peut favoriser une certaine forme de résistance.

Utiliser de bonnes techniques de pulvérisation
Il est important que la bouillie couvre bien le feuillage. Pour maximiser la couverture sur les graminées comme la folle avoine, utilisez un volume d’eau assez près du volume maximal recommandé. Le déplacement rapide du pulvérisateur et l’utilisation d’un faible volume d’eau compromettent la couverture et l’efficacité du traitement.

Pratiquer des rotations de cultures diversifiées
Diversifiez vos rotations pour inclure des céréales d’hiver, des cultures qui concurrencent bien les mauvaises herbes, des fourragères vivaces et des cultures destinées à l’ensilage. Conseil de pro : l’ensilage de l’orge une semaine après l’épiaison peut être plus efficace qu’un traitement herbicide en postlevée.*

Ajuster le taux de semis pour donner à la culture un avantage concurrentiel
L’utilisation d’un taux de semis élevé ainsi que l’établissement hâtif de la culture (avant la levée des mauvaises herbes) ou l’ensemencement tardif sont d’excellentes mesures de lutte contre les mauvaises herbes. Pour la culture de l’avoine, l’utilisation de grosses semences semble être avantageuse3. Conseil de pro : l’augmentation du taux de semis peut faire diminuer la biomasse et la production de graines de folle avoine.*

Effectuer un travail du sol ciblé
Le travail du sol peut être considéré lorsque les conditions de croissance sont idéales pour la folle avoine. Lorsque les conditions de croissance sont médiocres, un travail du sol a peu d’effet sur les mauvaises herbes. Toutefois, un travail du sol stratégique dans les zones où l’on soupçonne que les mauvaises herbes sont résistantes aux herbicides peut détruire la folle avoine, surtout lorsque cette méthode est utilisée conjointement à d’autres méthodes comme l’ensemencement tardif. Toutefois, un travail du sol permet seulement de maîtriser les mauvaises herbes levées et peut prolonger la durée de vie des graines qui étaient dormantes et exposées aux éléments à la surface du sol et qui se retrouvent maintenant enterrées. Conseil de pro : Un travail du sol avant le semis maîtrise mieux la folle avoine lorsqu’il est effectué au printemps plutôt qu’à l’automne. Un semis direct est également efficace pour diminuer la levée de la folle avoine et réduire la nécessité de recourir à un traitement herbicide en postlevée.*
La prévention de la dispersion des graines de folle avoine peut réduire l’expansion des zones de mauvaises herbes de 30 % à 35 %2.
Maîtriser les graines de mauvaises herbes au moment de la récolte
Les moissonneuses-batteuses peuvent disperser les graines de folle avoine dans un rayon de 145 mètres. Essayez de contenir les zones infestées de mauvaises herbes pendant la récolte et d’enlever ou détruire la paille des talles de folle avoine.
Conseil de pro : Dans certains pays, notamment en Australie, des producteurs utilisent avec succès un broyeur attaché à l’arrière de la moissonneuse-batteuse pour détruire les graines de folle avoine qui n’ont pas été libérées avant la récolte et qui se retrouvent dans la paille expulsée de la moissonneuse-batteuse.*
AUTRES STRATÉGIES À CONSIDÉRER
- Fertilisez la culture et non les mauvaises herbes (positionnement de l’engrais).
- Compostez le fumier et ensilez le fourrage pendant au moins huit semaines pour rendre les graines de folle avoine non viables.
- Tondez, recouvrez d’un paillis ou desséchez chimiquement les talles de mauvaises herbes résistantes pour les empêcher de grossir et de produire des graines.
COMPRENDRE LA PRODUCTION DE GRAINES DE MAUVAISES HERBES ET LA BANQUE DE GRAINES DU SOL
La folle avoine est coriace. Les plants matures s’égrènent facilement, mais les graines demeurent souvent dormantes dans le sol. Les graines germent généralement en moins de deux ans, mais elles peuvent demeurer viables jusqu’à neuf ans. Environ la moitié des graines germent dans le courant de l’année suivant leur dissémination.

LE SAVIEZ-VOUS?
Dans l’Ouest du Canada, de 30 % à 70 % des graines de folle avoine sont libérées avant la récolte du blé.
Les graines de folle avoine peuvent germer à des températures très variées (de 5 à 30 °C), ce qui leur permet de lever du début à la fin de la saison de croissance.
Plus les graines de folle avoine sont enfoncées profondément, plus elles demeurent viables longtemps.
Les graines de folle avoine qui germent et lèvent se trouvent généralement à une profondeur allant de 2 à 5 cm, la majorité étant dans les 2,5 premiers cm de sol.
Une seule plante de
folle avoine produit en moyenne de 20 à 150 graines lorsqu’elle se
trouve dans une culture vigoureuse, mais ce nombre peut dépasser 1000 dans un milieu où il n’y a pas de concurrence.
Ces renseignements vous sont présentés par CropLife Canada, le Conseil canadien du canola, la Manitoba Crop Alliance, la Prairie Oat Growers Association et SaskWheat.

Source : Resistant Wild Oat Action Committee
1 Beckie, H.J., Shirriff, S.W., Leeson, J.Y., Hall, L.M., Harker, K.N., Dokken-Bouchard, F., and Brenzil, C.A. 2020. Herbicide-resistant weeds in the Canadian prairies: 2012 to 2017. Weed Technology. 34(3): 461-474. DOI: https://doi.org/10.1017/wet.2019.128
2 Beckie, H., Hall, L., & Schuba, B. (2005). Patch Management of Herbicide-Resistant Wild Oat (Avena fatua). Weed Technology, 19(3), 697-705. doi:10.1614/WT-04-222R.1
3 https://poga.ca/wp-content/uploads/2022/04/oat-grower-manual-2017.pdf
4 https://weedscience.ca/wild-oat-action-committee/
* Les conseils de pro ont été fournis par le Resistant Wild Oat Action Committee